Il a troqué ses belles dreads pour un drôle de look iroquois, mais il n'a rien perdu de sa verve. Saul Williams lisait, slammait, rappait aujourd'hui des extraits de son dernier livre "The Dead EMCEE scrolls" à la librairie Hue-Man à Harlem.
NGH WHT? poème phare, poème clef qui fera sûrement froncer des sourcils. Comme YVH, mais aussi comme Nigger. Silences gênés et rires se télescopent dans l'audience. Le débat ne s'est jamais arrêté. "I am the timeless Nigger", avait déjà scandé Saul en début de lecture.
Il a ensuite parlé de lui, de son enfance dans une ville pourrie d'upstate New York, où la plupart de ses potes ont fini en taule ou sacrifiés sur l'autel du crack dans ces terribles années 80. Il évoque son père, révérend baptiste, à qui il doit, dit-il, de n'avoir pas sombré. "Les potes passaient les joints au dessus de ma tête, ils me protégeaient parce que mon père avait officié aux funérailles de tous leurs proches". Il rappelle encore son dû aux mentors, Paul Robeson, Jimi Hendrix et Public Enemy, entre autres.
On se souvient bien sûr de Slam, le film. Un rôle en or qui l'avait
alors mis sur orbite, comme poète, lui qui pensait devenir acteur. Il a
alors repris l'écriture, loin des planches. "Je n'avais pas franchement
envie de jouer des rôles de flic, je suis devenu un acteur sans
travail". Tant mieux, le chômage profite si bien à sa plume.