Rosemary m'a impressionnée dès notre première rencontre. "Ils vont les avoir ici les terroristes s'ils ne font pas rapidement quelque chose". Rosemary, 49 ans, mère et grand-mère, qui ne fait pas son âge, a décidé qu'"assez c'est assez". Cela fait des mois que le gouvernement, fédéral en l'occurrence, promet la réouverture à la Nouvelle Orléans, des "public housing", ces équivalents américains des HLM, gérés par le Département fédéral du logement.
Mais un an après Katrina, Rosemary attend toujours, comme des milliers d'autres personnes, que le gouvernement veuille bien réinstaller l'eau et l'électricité dans leur complexe. En attendant, elle vit depuis juin dans une chambre d'un petit hôtel, facturée 400$ la semaine, en gros l'essentiel de son salaire.
Depuis mercredi, Rosemary a décidé de nettoyer et de réoccuper son appartement de C. J. Peete. "Mon appartement est en bon état, l'eau s'est arrêtée aux escaliers extérieurs, je le sais, je suis restée ici pendant l'ouragan". J'ai visité son deux pièces en duplex. Je m'attendais à un bouge, enfin, c'est ce que j'avais lu dans les communiqués officiels. J'ai découvert un logis en bon état, entièrement repeint, agréablement dessiné avec cheminée et balcon!. Evidemment, après un an d'abandon, les herbes folles sont reines dans la cour intérieure, mais à part ça, rien de dramatique.
"Ils nous ont donné toute sorte d'excuses, d'abord c'était les structures qui étaient endommagées, après c'est le sol qui était contaminé. Et chez les voisins? Il est pas contaminé le sol?". Rosemary montre de la main la trentaine de caravanes de l'autre côté de la route mises à disposition des évacués de Katrina et installées là par....le gouvernement fédéral.
La vérité est sans doute ailleurs. Depuis des années, l'administration Bush a fait de la transformation des HLM en "habitations pour revenus mixtes" son nouveau dada. (la tendance avait été amorcée sous Clinton déjà). En jargon gouvernemental, on appelle cela la "dispersion des pauvres". Reste un problème, seul un tiers des nouveaux appartements sont réellement subventionnés et les "pauvres dispersés" ne peuvent compter que sur un chèque d'aide au logement en lieu et place d'un appartement.
"Je n'ai que faire de leur chèque", me dit Rosemary "le marché du logement est devenu fou". En un an, les loyers ont en effet augmenté de 39% à la Nouvelle Orléans. "Vous vous souvenez de ce rapper de la Côte Ouest qui chantait - your project will be next" (project pour HLM)?". Non je ne me souviens pas, elle non plus. (votre aide est la bienvenue). Mais elle se déhanche en rappant sur le trottoir de Washington Avenue.
The very first time i met Rosemary, i knew she was for real. "They will have the terrorists right here, if they don't act fast". She was talking of the reopening of the public housing complexes, still closed in New Orleans since Katrina. All kind of excuses have been raised, from the damaged structures, to the contaminated soil for not reopening them.
"What are they talking about? The water stopped at my porch, never made it into the building, i know it, i rode the storm right here", says Rosemary. As for the soil, "then what about the soil across the street?", she quips showing me the trailers' camp just in front of her building, installed there by...FEMA.
For Rosemary, "enough is just enough". She has it. Last Wednesday, she announced publicly that she is reoccupying her unit, and so will two others tenants from the same block. I know that more Rosemary's will reoccupy their units soon, with or without federal approval, with or without water or electricity. For them, what's going on, it's just part of the war on poverty, the so called new doctrine of "dispersing the poor". Alphonso Jackson, Secretary of Housing was in town Monday, announcing the transformation of most of New Orleans public
housing complexes into "affordable and mixed income units"....I tried to do
the math's of what was on the little press release i got, i was unable to come near the 7000 units that have been
closed since Katrina. Nobody at the press conference could put an exact number of the really subsidized units that will remain, nor did the Times Picayune the next day. "Do you remember that West Coast rapper who used to sing - Your project will be next -?", asks Rosemary. I don't, nor does she. But she moves on the sidewalk while rapping the song's lyrics.