La Nouvelle Orléans n'en finit pas de se noyer dans son chagrin. Huit meurtres durant les 8 premiers jours de l'année nouvelle. Six dans les 24 heures menant du 4 au 5 janvier. Dont Helen Hill, 36 ans, ancienne stagiaire de mon hôte, amie d'un proche et d'une voisine, connue dans les milieux artistiques pour ses films d'animation. Helen a ouvert sa porte jeudi matin à un inconnu qui lui a tiré trois balles meurtrières dans le corps. Son mari, Paul, un médecin qui travaillait dans une clinique pour les indigents et non assurés, a pris lui aussi trois balles, mais est aujourd'hui hors de danger. Il a emmené leur fils de 2 ans dans son Canada natal, où il est parti par le premier avion.
Dinerral Shavers, 25 ans, le percussionniste du Hot 8 Brass Band est tombé lui aussi sous les balles meurtrières d'un jeune homme de 17 ans qui en voulait, a-t-il dit à la police, au beau-fils de Shavers, un adolescent de 15 ans. La Nouvelle Orléans est en émoi. La tenancière du Sound Café, amie des musiciens du Hot 8 et d'Helen, a invité qui voulait bien à venir réfléchir ensemble à quelle action mener pour mettre fin à cette vague de violence. Son café n'était pas assez grand pour accueillir la foule. Il a fallu garder portes et fenêtres ouvertes pour que ceux restés sur le trottoir puissent entendre les propos tenus à l'intérieur.
Hormi quelques réacs demandant qui l'instauration d'un état d'urgence, qui la démission immédiate du chef de la police, qui encore le renforcement de la police par davantage de soldats de la garde nationale, la majorité de l'audience a réclamé que l'on se pose enfin la question de l'origine des crimes et que l'on remédie à la paupérisation galopante de cette ville toujours à genoux depuis Katrina qui n'a fait que porter à leur paroxisme des maux endémiques.
Aujourd'hui, deux marches concommittantes doivent se rejoindre devant la mairie pour réclamer aux autorités de prendre enfin des mesures efficaces. Des milliers de personnes sont attendues. Hier soir, une centaine de personnes se sont rassemblées à nouveau au Sound Café pour barioler banderoles et pancartes pour les manifs d'aujourd'hui. Le maire Ray Nagin, flanqué de deux gardes du corps et du chef de la police, y a fait une brève apparition. Il n'a rien dit. S'est contenté de battre la mesure sur les vieux blues du groupe qui animait la soirée. Il a été bien avisé. Une récupération politique aurait été très mal venue.
New Orleans is sinking even deeper into its sorrow. Eight murders plagued this city during the first eight
days of the new year. Helen Hill, 36, fell under three bullets shot at her after she opened her door early Thursday morning to an unknown person. Her husband, Paul, though also shot three times, survived along their 2 years old baby he was allegedly holding in his arms. He is reported to have left immediately for his native Canada. A few days earlier, Dinerral Shavers, 25, snare drummer of the Hot 8 brass band, was shot by error, by a young man who was, so he told the police, after Shaver's stepson.
Profoundly shocked by the loss of these two friends, the owner of Sound Cafe called for a public meeting in her cafe on Sunday. The place was not big enough to accommodate everybody. Doors and windows had to remain opened to allow those outside to hear what was being said inside. Despite a few reactionary voices asking for a state of emergency, more police forces on the street and stronger sentencing, the majority of the people was asking for basic needs, as housing, jobs, health care and public schools, in a city still stranded, to be finally met.
Tomorrow, two parallel marches will convene at City Hall to ask politicians to finally address the population's concerns. Tonight, several dozens of people gathered again at Sound to prepare banners for the march. The mayor, Ray Nagin, and his chief of police stopped by. They stood politely in the back of the room, listening to the band that was playing while people were readying for the protest. They would have been ill advised to even try a speech.