quand est-ce qu'on vote?

Intéressant tout de même. Pour la campagne la plus précoce de l'histoire de mémoire de chroniqueurs politiques, (les premiers candidats battaient déjà le pavé en Iowa et au New Hampshire l'hiver dernier), jamais calendrier électoral n'aura été aussi incertain. Alors que la campagne a très inofficiellement officiellement démarré - la tradition voulant que la présidentielle commence à Labor Day (c'était lundi), - on ne sait toujours pas quand se tiendront les premières primaires.

La faute, la faute... au New Hampshire et à l'Iowa, semblent dire certains grands états qui ont décidé d'avancer la date de leurs primaires. Lassés de se voir ravir la vedette par des états peu peuplés et de surcroît peu représentatifs (les deux sont des états majoritairement blancs, l'Iowa est conservateur et agricole, le New Hampshire viscéralement indépendant et se remettant lentement d'un lointain passé industriel en essayant d'attirer avec un succès tout relatif les techs, bio, clean et chip), New York, la Californie, l'Illinois, le Texas et 18 autres Etats ont avancé leurs primaires au 5 février.

Qu'à cela ne tienne. Le New Hamphshire et l'Iowa ont simplement avancé de deux semaines leurs scrutins. Pour William Gardner, secrétaire d'Etat du New Hamphshire, gardien du calendrier électoral de son état, et par là-même de la nation, c'est un pur hasard si le New Hampshire est le premier état à tenir ses primaires. "Par défaut, car d'autres états, le Minnesota et l'Indiana qui détenaient ce privilège à l'époque, (nous sommes en 1916) ont repoussé les leurs", disait-il en juin à  un parterre de journalistes étrangers. Il faut dire qu'à l'époque tout le monde se gargarisait des primaires. C'était bien sûr avant l'ère télévisuelle...

"Après, tout le monde a voulu être le premier", résume simplement William Gardner. Et le petit jeu des dominos a commencé dès les années 60. A chaque fois qu'un état s'avisait d'avancer sa primaire, le New Hamphsire avançait la sienne. "Le New Hampshire est l'Etat qui a fait de nous une nation...par hasard", ose, un brin pompeux, M. Gardner. Il ne le dit pas, et personne ne veut l'admettre dans l'Etat, mais les primaires constituent un formidable business pour un si petit Etat et lui apportent une attention qu'il aurait de la peine à obtenir autrement. (Pas sûre que Sarkozy ait contribué au lustre de l'Etat lors de ses vacances remarquées à Wolfeboro).

Certes, le maintien des premiers scrutins en Iowa (qui organise un caucus) et au New Hampshire offre l'immense avantage aux électeurs de ces états de "tester" les candidats de près. Leurs dimensions réduites et leur faible population autorisent en effet des campagnes de proximité, avec déjeuner chez l'habitant, poignées de main dans les marchés et surtout les fameux Town Hall meeting, ces fora publics où les candidats sont soumis au feu des questions de citoyens ordinaires.

Très égoïstement, je suis ne cache pas mon penchant pour la formule actuelle puisqu'elle permet à la correspondante étrangère que je suis d'avoir un accès parfois direct aux candidats. J'ai ainsi serré la pince de Bush, échanger quelques mots avec Bill Bradley et Wesley Clark, attrapé par la manche les conseillers en chef des uns et des autres, et plus récemment posé trois questions à Giuliani dans le New Hampshire.  Dès que la campagne passe en mode majeur, c'en est fini du chit chat. Reste évidemment l'insoluble question de la représentativité de l'électorat. Certains proposent l'organisation échelonnée de grandes primaires régionales, le sud-est, le nord-est, le midwest, et l'ouest.

Pour la campagne actuelle, le flou règne toujours puisque la Floride (état clef s'il en est) et le Michigan (tout aussi crucial) ont annoncé leurs primaires au 29 janvier pour le premier, au 15 janvier pour le second. Le New Hampshire menace d'avancer la sienne au 5 janvier, ce qui obligerait l'Iowa à agender son caucus en décembre...

David Axelrod, le conseiller en chef de Barack Obama, résumait bien le dilemne des stratèges de campagnes dans le New York Times ce dimanche: 'Nous ne savons toujours pas à quoi va ressembler le calendrier, et nous ne le saurons peut-être pas avant un mois ou plus. Comment voulez-vous savoir où dépenser votre temps et votre argent? C'est un défi pour tout le monde". Pour faire pression sur les Etats rebelles, les principaux candidats démocrates ont promis de ne pas faire campagne en Floride et au Michigan s'ils ne reviennent pas sur leur décision. De quoi s'étrangler lorsqu'on l'on sait le rôle charnière de ces deux états dans l'élection générale.

Comments

[Rédigé par : Gerald Hollu]

Ce qui est amusant c'est que la campagne présidentielle française en mode "majeur" ressemble à s'y méprendre au mode "mineur", lui même ressemblant bien souvent aux mêlées de rugby amateur un dimanche après-midi... bref un joyeux bordel. Le cadre autour du candidat est également plus souple.
Obama va être trés dur à approcher, tout comme Hilary... rien à voir avec les arrivées au Letterman du mois de novembre. Pour faire de l'image la place va être assez ténue...
Pour moi ce sera ma première campagne ici. Donc découverte découverte!
Bienvenue à ton nouveau blog.

[Rédigé par : MariaPia]

A quel titre allez vous couvrir cette campagne Gérald?
Pour l'instant les candidats sont encore approchables, profitez en, j'ai vu Obama récemment à la Nouvelle Orléans, nous n'étions que quelques uns, Edwards à New York, et d'autres dans le New Hampshire.

[Rédigé par : olive]

je viens de découvrir votre blog par rue 89
celà me rappelle le blog à l heure américaine
(rousselot, riché)

je vous mets en favori!

olivier - normandie - france

[Rédigé par : MariaPia]

Merci Olivier,
j'espère réussir aussi bien que mes prédécesseurs!

[Rédigé par : Gerald Hollu]

Réponse tardive... Je suis photographe pour une agence photo française (celle qui porte le nom d'une lettre grecque). On se retrouvera sûrement sur le terrain.

[Rédigé par : john.reed]

@ Gerald:

Si vous shootez un jour Hillary, faites plaisir à MariaPia, attention aux yeux !

http://mariapia.blogs.com/mariapiamascaro/2007/04/les_yeux_dans_l.html