Ce devait être la tournée de l'"adhésion au changement". Une série de concert de gospel pour rappeler aux électeurs de Caroline du Sud (comprenez les électeurs noirs) l'engagement passé et présent de Barack Obama à "rassembler les gens dans son mouvement pour un changement fondamental" (communiqué officiel dixit). L'effort visait surtout à contrer le formidable attrait de la candidature d'Hillary Clinton auprès de ce même électorat noir, partagé entre le désir d'élire un des leurs et celui de soutenir la femme de celui qui fut un des leurs. Tony Morrison, l'écrivaine afro-américaine prix Nobel de littérature, n'avait-elle pas dit de Bill Clinton qu'il était le premier président noir de l'Amérique?
Mais voilà. Le team Obama a joué avec le feu en engageant pour sa fameuse tournée Donnie McClurkin, un chanteur de gospel noir dont l'homophobie est pourtant notoire. Il a prétendu par le passé que l'homosexualité est un choix et qu'elle peut être "soignée" par l'intervention divine. En 2004, McClurkin chantait sur le podium de la convention républicaine à New York et affichait ainsi son soutien à George Bush. L'histoire a immédiatement enflammé la blogosphère et agité les principales associations gays, dont la très influente Human Rights Campaign, qui accusent Obama de courtiser l'électorat noir conservateur dont l'opposition au mariage gay est très forte et lui demandent d'annuler cette tournée.
Obama a publié aujourd'hui un communiqué (que je n'ai pas reçu, alors que j'en ai eu trois annonçant la dite tournée) dans lequel il affirme avoir clairement soutenu les gays et les lesbiennes dans le passé et avoir constamment parlé directement aux dirigeants religieux afro-américains de la nécessité de surmonter l'homophobie qui persiste dans certaines parties de "notre" communauté.
"I have clearly stated my belief that gays and lesbians are our brothers and sisters and should be provided the respect, dignity, and rights of all other citizens. I have consistently spoken directly to African-American religious leaders about the need to overcome the homophobia that persists in some parts our community so that we can confront issues like HIV/AIDS and broaden the reach of equal rights in this country.
I strongly believe that African Americans and the LGBT community must stand together in the fight for equal rights. And so I strongly disagree with Reverend McClurkin's views and will continue to fight for these rights as President of the United States to ensure that America is a country that spreads tolerance instead of division."
Il n'a cependant pas répondu à la demande d'annulation de la tournée qui doit démarrer vendredi. Il a promis qu'il ne serait pas sur scène avec McClurkin mais ceci risque de ne pas être suffisant pour apaiser les associations gays dont les membres constituent pourtant un électorat charnière du camp démocrate. Un lobbyiste gay, proche d'Obama, Jimmy Williams, a bien tenté de dissiper un peu la crise en dénonçant l'acharnement des blogueurs de gauche contre Obama. Et de citer pêle mêle les positions des républicains et surtout l'accointement d'Hillary Clinton avec un révérend noir ouvertement anti-gay, le pasteur Harold Mayberry.
Pas sûre que cette ligne de défense fonctionne. Obama vient de se tirer une double balle dans le pied, avec l'électorat qu'il courtisait mais n'avait pas encore convaincu, et surtout avec celui qui le soutenait mais qui pourrait désormais le lâcher.
Un double balle dans le pied ? Avec le retard qu'il semble avoir dans les sondages, ça lui fait une belle jambe !
Comment analysez vous ce choix de prendre McClurkin ? Manoeuvre désespérée ? Erreur de débutant ? Réelle volonté de concilier l'icnonciliable (le gros du vote noir et le vote conservateur noir) ?
Rédigé par : john.reed | 26/10/2007 à 09:32
John,
toutes vos hypothèses sont plausibles, si c'est une erreur de débutant, elle est énorme et indigne...
j'ai peur qu'il se soit agi d'un manque de coordination entre le QG de Caroline du Sud (un peu petit monde bien à part) et celui de Chicago, tout occupé à ratisser l'IOWA, état dans lequel Obama semble tout miser.
Rédigé par : MariaPia | 26/10/2007 à 10:23