Barack se devait de gagner la Caroline du Sud. C'est fait et avec un score sans appel, 55% devant Hillary Clinton (27%) et John Edwards qui ne remporte que 19 % des voix dans son état natal qu'il avait pourtant remporté en 2004. Plus important pour Obama, après deux semaines d'acrimominies qui ont vu la question raciale dominer le débat (grâce aux Clinton qui l'ont mise sur le devant de la scène), il a gagné cet Etat du Sud à l'histoire engluée dans l'esclavage, la ségrégation (le drapeau confédéré flotte toujours devant le parlement de l'Etat) en gagnant un nombre considérable de voix dans la communauté blanche (il a décroché autant de votes parmi les hommes blancs que Mme Clinton, et 70% des blancs interrogés à la sortie des urnes se sont dits prêts à le soutenir s'il est le nominé démocrate).
Alors qu'il avait paru secoué la semaine dernière par les attaques lancées contre lui, hésitant entre contre-attaques et propositions pour relancer l'économie, Obama est revenu samedi soir dans son discours de victoire aux thèmes qui lui avaient assuré sa première victoire en Iowa au début du mois: l'unité du pays, le changement. "Le choix n'est pas entre régions, religions ou genre, il n'est pas entre noirs versus blancs. Cette élection porte sur le passé versus le futur".
Curieusement ce n'est pas Hillary Clinton qui a donné la première un discours de "concession" après sa défaite, mais....Bill Clinton. La situation était tellement incongrue que CNN a fini par couper un discours non seulement trop long, mais qui renforçait l'idée que Bill ne fait campagne finalement que pour lui-même. Il sera intéressant de lire les réactions demain à ses multiples références à "son" bilan. En termes d'images, le camp Clinton a probablement commis une erreur, samedi soir. Si Bill Clinton a été la star incontestée du parti démocrate pendant des années, son omniprésence dans cette campagne pourrait finir par nuire à la candidature de sa femme. Se présente-t-il pour un troisième mandat ou s'agit-il bien de la candidature d'Hillary?.
Un supporteur d'Obama au Moca Lounge de Harlem samedi soir me dit: "franchement, en tant que femme, vous ne trouvez pas ça dérangeant qu'il n'y en ait que pour lui?". Je me suis réfugiée derrière mon statut de journaliste pour ne pas avoir à prendre position. Dans la journée, la féministe Ronnie Eldridge, ancienne conseillère communale à New York, rencontrée dans une manifestation pro-Obama à Columbus Circle à New York, me dit sa déception à l'égard d'Hillary Clinton. "Elle n'aurait jamais dû se présenter, son époux est un poids, il rappelle trop qu'elle lui doit tout, au final je pense qu'Obama a une perspective bien plus féministe qu'elle de la société".
La campagne démocrate passe désormais en mode majeur, avec les primaires du Super Tuesday dans 22 états, le 5 février. Je reviendrai dans les jours qui viennent sur cette grande primaire nationale.
photo tirée du site www.Harlem4Obama.com
Merci pour tous vos commentaires de qualité sur cette campagne.
Rédigé par : Arthur | 27/01/2008 à 06:03
Merci à vous Arthur, de vous arrêter sur West Wing, à bientôt
Rédigé par : MariaPia | 27/01/2008 à 09:05
Votre blog est instructif et plaisant à consulter. Une bonne adresse à donner à mes élèves.
Une petite question...pas d'actualité en 2008. Quand un président se représente ex Clinton en 96 ou Bush en 2004, y a-t-il des primaires pour son camp? sont-elles annulées d'office ou s'agit-il d'une décision (évidente) pour son parti?
Maule
Rédigé par : Claude | 27/01/2008 à 14:05
Les blogs, dont le votre, éclairent la campagne plus efficacement que les articles de journaux très pasteurisés.
Rédigé par : marie-Hélène | 27/01/2008 à 15:42
Merci Maule et Marie-Hélène,
Maule, vous posez une excellente question. Il est vrai que ces dernières années, le président sortant n'a pas été "défié" pendant les primaires, ce fut le cas de Reagan en 1984, de Clinton en 1996 et de Bush en 2004. Mais ça n'est pas une règle absolue et cela dépend surtout de la popularité du président au sein de son propre parti. George Bush Senior avait dû défendre sa nomination contre Pat Buchanan en 1998. Avant lui, Jimmy CArter avait été remis en cause par Ted Kennedy en 1980. La crise des hostages, qui a causé la défaite de Carter contre Reagan, lui avait permis de battre Kennedy aux primaires, car le parti avait fait corps autour du président pendant la crise.
L'exemple le plus célèbre est sans doute celui de Lyndon Johnson en 1968, défié par deux candidats, Robert Kennedy et Eugene McCarthy. Johnson finit par renoncer à la nomination démocrate au profit de son vice-président Humphrey qui perdit ensuite l'élection générale contre Nixon.
Rédigé par : MariaPia | 27/01/2008 à 18:43
Bonjour!
Pour ce qui concerne la question des primaires dans le parti du président sortant, et s'il peut arriver que, de fait, il n'ait aucun adversaire sérieux, d'un point de vue juridique, les primaires ont toujours lieu, dans chacun des partis, puisque ce sont les citoyens qui votent (cette obligation est encore plus absolue eu égard au fait que dans certains Etats, les primaires sont ouvertes: ainsi, il est impossible de retirer au citoyen ce droit de désigner son candidat). D'ailleurs, je crois savoir qu'il est fait mention des primaires dans les (certaines?) Constitutions fédérées.
Par ailleurs, une question: rien (ou peu de choses, ou alors je suis passée à coté) n'est dit sur les tickets : sait-on quels sont les vice-présidents potentiels?
Bonne journée!
Rédigé par : Françoise | 28/01/2008 à 04:22
Merci pour ces précisions Françoise,
Pour la question du VP c' est un peu tôt, on mentionne Wesley Clark du côté d'Hillary, Ben Nelson pour Obama, voire même Kathleen Sebelius, la gouverneure du Kansas. Mais ce ne sont que supputations. Côté républicain, l'idée d'un ticket McCain/Huckabee a été évoquée, le second apporterait les votes évangéliques qui font cruellement défaut au premier. Mais là encore, nous sommes dans le putatif.
Rédigé par : MariaPia | 28/01/2008 à 23:02