Supertuesday! On y est, les électeurs de 24 états américains sont appelés aux urnes aujourd'hui pour leur primaire ou leur caucus en vue de nominer les candidats des deux partis à la présidentielle. A quelques 30 heures (ou plus, la Californie annonce que nous n'aurons pas forcément les résultats dans la nuit de demain) des résultats, les candidats essaient de forcer les titres de la presse.
Obama était soutenu par Robert de Niro, Ted et Caroline Kennedy au New Jersey lundi, avant d'aller finir son marathon dans le Connecticut et à Boston, fief du clan Kennedy. La vidéo "Yes we can" fait le tour de la blogosphère. Plus d'un million de visites en deux jours. "Magnifique pub gratuite", lâchait un commentateur de CNN. Je vous laisse juger.
Hillary a fait un arrêt dans son ancienne Alma mater de Yale, dans le Connecticut où les larmes lui sont montés aux yeux pendant l'éloge que lui a faite un ancien professeur. (S'il n'y avait pas eu l'épisode des larmes au New Hampshire la veille du scrutin déjà, on aurait presque envie de lui accorder le bénéfice du doute). Je vous laisse apprécier les commentaires des lecteurs du NYtimes et ceux de CNN.com. Côté Hollywood, elle a reçu aujourd'hui le soutien de Jack Nicholson.
Moins bavards qu'à l'habitude, les communicateurs en chef d'Obama minimisaient aujourd'hui dans le New Jersey les attentes tout en rappelant qu'Hillary les devançait encore de 10 à 20 points il y a deux semaines dans la plupart des états, à l'exception de l'Illinois, terre d'Obama. Lecture: nous sommes remontés dans les intentions de vote partout, même si nous perdons demain nous sommes les vainqueurs restons dans la course. Voir le mémo du directeur de campagne d'Obama.
Vous noterez qu'il ne donne que les sondages très défavorables à son poulain. (les derniers sont ici). ça s'appelle du spin! La réponse du camp Clinton : la bataille sera serrée et pourrait se prolonger jusqu'au 4 mars (minisupertuesday avec le Texas et l'Ohio notamment). Sous-entendu, une victoire serrée reste une victoire, on oublie qu'Hillary était donnée comme "inévitable" il y a encore six mois. A chacun son spin!
La presse s'est également gargarisée des propos tenus par Hillary Clinton sur son plan de santé, admettant pour la première fois qu'elle mettra en place un mécanisme de prélèvement par le biais des impôts ou par une ponction salariale pour les récalcitrants qui refuseraient de contracter une assurance maladie. Barack Obama a proposé un plan de santé qui passera d'abord par un système de régulation des coûts dans le but de rendre les assurances santé abordables. Hillary a aussi prévu un système de fixation des prix (actes médicaux et médicaments notamment), mais elle veut rendre l'assurance maladie obligatoire. Deux approches philosophiques radicalement opposées.
Si l'idée de l'assurance maladie pour tous est acquise en Europe, je suis convaincue que de nombreux Américains (démocrates compris) doutent encore de ses vertus. Hillary avait fermement refusé jusqu'ici de dire comment elle comptait forcer tout le monde à contracter une assurance. Ces propos, au pays de l'individualisme forcené, pourraient lui coûter quelques voix précieuses.
Côté républicain, la messe paraissait être dite, mais Mitt Romney fait une surprenante remontée en Californie, l'état le plus peuplé en électeurs et donc en délégués. John McCain maintient néanmoins une sérieuse avance sur son rival au niveau national et dans plusieurs états. Les commentateurs s'accordent à penser que le nominé républicain sera connu mercredi. Je me demande néanmoins si l'assaut des conservateurs contre McCain ne pourrait pas finalement réserver une petite surprise, ie plutôt que de "gaspiller" leurs voix sur Mike Huckabee, certains évangéliques pourraient opter pour Romney, un moindre mal par rapport à McCain.
Anne Coulter, la vitrioleuse commentatrice conservatrice, est allée jusqu'à dire qu'elle préfèrerait voter pour Hillary plutôt que pour McCain en novembre. Rush Limbaugh, l'animateur de radio évangéligue s'est également lâché contre McCain. Bref, les raccomodages au sein du parti vont être difficiles sinon douloureux.
Obama tient remarquablement bien la route, alors qu'on pensait qu'il imploserait rapidement. Mais la vidéo... Pourquoi le monde du show-biz croit-il qu'il vaut quelque chose, alors qu'il représente la population la plus méprisée des Etats-Unis ? Il suffit que Scarlett Johansson ouvre la bouche pour qu'Obama ne paraisse plus crédible, quoique vous pensiez du talent de l'actrice, laquelle n'a strictement rien à faire dans une campagne électorale.
Ce bon vieux clown de Kerry avait fait la même erreur en 2004 en disant à un parterre de stars qu'il représentait "l'âme de l'Amérique" ! Les starlettes qui meurent à 30 ans d'overdose, l'Amérique ? La bonne blague ! Allez quémander les voix des gens qui bossent dur après avoir traîné les pattes dans les cocktails, et vous verrez le résultat !
En passant, Rush Limbaugh n'est pas un "animateur de radio évangéligue" mais un animateur de radio conservateur, tout simplement.
drzz
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Rédigé par : drzz | 05/02/2008 à 04:24