Barack Obama a annoncé aujourd'hui via Internet qu'il renonçait aux fonds publics fédéraux pour financer sa campagne générale comme le permet la Commission fédérale des Elections, préférant continuer à lever des fonds auprès de particuliers. Cette décision a immédiatement soulevé l'ire et les critiques de son rival républicain, John McCain, qui a accusé le sénateur de l'Illinois de ne pas tenir une promesse faite l'année dernière. John McCain a annoncé dans la foulée qu'il acceptait les fonds publics, soit une somme de 84,1 millions de dollars.
La décision de Barack Obama ne surprend guère. Sa campagne a prouvé être une redoutable machine à lever des fonds (+ de 250 millions à ce jour), qui plus est provenant essentiellement de petits donateurs contribuant en moyenne à hauteur de 100 dollars chacun. La preuve, selon Barack Obama, que sa campagne est réellement financée par le public. On ne s'étendra pas sur l'argument discutable, mais néamoins compréhensible.
Le financement public tel qu'il est prévu aujourd'hui est contesté. Lorqsu'un candidat accepte l'argent fédéral, il renonce du même coup à tout fond additionnel de particuliers, à l'exception de montants servant à couvrir des frais de comptabilité. En revanche, les partis eux, peuvent continuer à encaisser des chèques de privés, mais au maximum 28 500 dollars par personne. L'histoire récente a montré que le parti républicain levait des fonds substantiellement plus importants que le parti démocrate, et c'est le cas cette année encore. On apprenait récemment que le Comité de la convention de Denver ramait pour lever les fonds nécessaires à l'organisation du grand raoût démocrate du mois d'août.
Enfin, la commission fédérale des Elections impose aux candidats acceptant les fonds publics une limite de dépenses par état. Une restriction qui peut s'avérer problématique en termes de stratégie. Ainsi, par example, le plafond de dépenses pour l'état de New York est de 10 millions de dollars alors qu'il est fixé à 2,5 millions pour le Colorado, un état où les deux candidats voudraient certainement pouvoir dépenser plus sachant qu'il sera l'un des états clefs de cette élection.
Par ailleurs, les groupes dit 527 (des associations à but non lucratif représentants des groupes d'intérêt, des syndicats, des mouvements citoyens, etc) peuvent lever des fonds en faveur du candidat de leur choix. On se souvient de la redoutable campagne menée en 2004 contre John Kerry par les swiftboats Veterans Barack Obama a en partie justifié sa décision hier pour contrecarrer le pouvoir des 527 républicains. Même si pour l'heure, les groupes de gauche, dont MoveOn.org, semblent avoir une longueur d'avance. Mais il est vrai que l'on est encore au tout début de cette campagne.
Curieusement, les principales associations prônant un financement public et équitable n'ont pas crié au scandale. Regrettable, mais compréhensible, disent-elle en substance. Elles réclament toutes que le prochain président s'engage en revanche à réformer en profondeur le système de financement des campagnes. Ce qu'aussi bien Obama que McCain se sont engagés à faire.