Les électeurs de quatre états - Texas, Ohio, Vermont, Rhodes-Island - se rendent aux urnes aujourd'hui. Journée cruciale. John McCain devrait probablement décrocher le nombre de délégués qui lui assurera l'investiture républicaine. Côté démocrate. le suspens est entier. Hillary Clinton devance Barack Obama dans tous les sondages en Ohio, les deux sont au coude à coude au Texas. Le Vermont n'échappera pas à Obama, alors qu'Hillary semble bien placée pour remporter le Rhodes Island.
Comme une défaite d'Hillary Clinton en Ohio paraît peu probable, tous les yeux sont rivés sur le Texas et son primacaucus! Et si les règles n'étaient déjà pas suffisamment complexes dans le camp démocrate, le parti local texan y a ajouté sa touche. La journée commencera par la primaire proprement dite, soit une élection normale où les électeurs se rendent aux urnes. Dans la soirée, se tiendront ensuite des caucus, où les électeurs peuvent aller voter une seconde fois (seuls ceux qui ont voté dans la journée peuvent participer aux caucus du soir), ouvertement cette fois-ci, devant leurs voisins et amis.
126 délégués seront attribués à la proportionnelle par district lors de la primaire, et 67 lors des caucus. Pour compliquer le tout, certains districts sont surreprésentés en délégués. Le parti démocrate texan réattribue en effet à chaque district un nombre de délégués en fonction du taux de participaton démocrate de la présidentielle précédente. A en croire les experts texans, une grande partie de ces districts pencheraient en faveur d'Obama, ce qui laisse la porte ouverte à un scénario du type Nevada. Hillary pourrait gagner le vote populaire au Texas, mais perdre en terme de délégués.
Pour pouvoir rester dans la course, Hillary Clinton doit impérativement gagner le Texas et l'Ohio, de préférence avec une marge confortable. Car toutes les projections mathématiques montrent qu'elle n'a quasiment plus aucune chance de rattraper son retard sur Obama en nombre de délégués, sauf énorme scandale évidemment. Il lui faut donc afficher des victoires, après ses 11 défaites consécutives pour regagner le fameux "momentum", l'élan. Son propre camp avait laissé entendre qu'une double victoire était indispensable. Ces derniers jours pourtant, certains de ses proches estimaient que l'Ohio serait suffisant pour aller de l'avant. Mieux, son directeur de communication a affirmé que Barack Obama doit gagner les quatre états de demain pour pouvoir prétendre à la nomination.
Ces dernières affirmations ressemblaient plus à mon sens à des ballons d'essai pour tester le parti. Et pour ragaillardir ses fans. Je doute fort que sans une victoire nette au Texas et en Ohio, le parti accepte de laisser ce combat fratricide se poursuivre alors que John McCain s'installe confortablement dans la deuxième phase de l'élection. Ce serait une perte de temps et d'argent. Le risque est surtout trop grand que les coups échangés entre Hillary
Clinton et Barack Obama n'affaiblissent par trop le futur nominé, quel qu'il soit.
L'ancien candidat, le gouverneur du Nouveau Mexique, Bill Richardson, a ainsi clairement indiqué que celui qui mènerait mardi soir ou mercredi matin en nombre de délégués doit être le nominé du parti. Je ne serais pas étonnée que dès mercredi, les ténors du parti, je pense à la présidente de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, au chef de la majorité démocrate au Sénat, Harry Reid, Al Gore et d'autres, fassent enfin connaître leur position pour mettre fin à ce duel. Sauf encore une fois, si Hillary gagne avec une marge importante en Ohio et au Texas. Dans ce cas-là, elle mènera son va-tout jusqu'en Pennsylvanie, le 22 avril, un état à l'électorat relativement similaire à celui de l'Ohio, remettra la pression pour compter les votes de Floride et du Michigan, et pourra espérer retarder la décision de certains superdélégués, qui commencent désormais à pencher de plus en plus dangereusement en faveur d'Obama.
Signe que les républicains ont tout à gagner d'un enlisement des primaires démocrates, plusieurs commentateurs conservateurs, dont Rush Limbaugh, ont appelé les républicains à voter Hillary dans les primaires de l'Ohio et du Texas pour la maintenir dans la course. (les deux états ont des primaires "ouvertes" aux indépendants et aux républicains). Le parti démocrate n'a aucun intérêt à laisser faire.
ps. vous êtes de plus en plus nombreux à réagir sur ce blog, souvent avec passion. Cette campagne suscite un réel intérêt bien au-delà des frontières américaines. Et c'est réjouissant. Je crois néanmoins que nous pouvons exprimer nos enthousiasmes et nos différences politiques en restant respectueux les uns des autres, sans avoir à recourir aux noms d'oiseaux et aux insultes. Je n'ai que peu ou pas modéré les commentaires jusqu'îci et je voudrais pouvoir laisser cet espace ouvert au plus grand nombre. Merci à vous tous.
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