Ce n'est pas une blague. Mercredi soir à 19h35, Barack Obama a prêté une nouvelle fois serment en présence du Président de la Cour Suprême, John Roberts, dans la Salle des Cartes de la Maison Blanche. Ceux qui ont regardé la première lors de la cérémonie officielle d'investiture, mardi, sur la terrasse du Capitole, ont certainement remarqué l'hésitation de Barack Obama dès les premiers mots prononcés par le juge. La raison en a été donnée un peu plus tard. John Roberts s'était mélangé les pinceaux à deux reprises, d'abord en ne s'arrêtant pas immédiatement après le "Moi, Barack Hussein Obama", et une nouvelle fois en inversant l'ordre des mots dans la phrase.
Bref, ces petites libertés prises sur la formule consacrée avait déjà fait dire à certains que la prestation de serment n'était pas valable. Ce qui était contesté par les juristes de la Maison Blanche. D'autres affirment que Roberts, un républicain, aurait voulu embarrasser Obama à dessein. Bref, histoire de mettre fin rapidement aux rumeurs de conspiration et par "mesure de prudence", selon l'avocat de la Maison Blanche, Obama et Roberts se sont donc revus hier soir.
La prestation de serment n'a duré que 25 secondes, mais le juge portait bien sa robe noire. Il n'y avait qu'une poignée de témoins, dont David Axelrod, le conseiller d'Obama, Robert Gibbs, son porte-parole, Greg Craig, son avocat, le photographe officiel de la Maison Blanche, quatre journalistes et un assistant du juge.
A ceux qui pourraient en douter, Barack Hussein Obama est donc bien le 44e président des Etats-Unis. Ce n'est du reste pas la première fois qu'un président a dû répéter sa prestation de serment. Calvin Coolidge and Chester Arthur l'avaient fait avant Obama, pour des raisons similaires. Le juge Roberts a assumé toute la responsabilité de cet incident.
Pour la première fois de son histoire, le Chicago Tribune, un journal de droite, a annoncé qu'il encourageaitses lecteurs à voter pour un candidat démocrate, en l'occurence Barack Obama. Voici quelques extraits de leur édito:
"Nous connaissons Obama depuis qu'il est entré en politique, il y une douzaine d'années. Nous l'avons observé, nous avons travaillé avec lui (...) Nous avons une énorme confiance dans sa rigueur intellectuelle, sa stature morale et son abilité à prendre des décisions posées, mesurées et prudentes. Il est prêt.
Obama a pu sembler audacieux en lançant sa campagne à Springfield, en invoquant Lincoln. Nous pensons (...) qu'il n'a finalement pas été si audacieux que cela. Nous sommes fiers de pouvoir ajouter le nom de Barack Obama à celui de Lincoln sur la liste des gens que la Tribune a soutenus pour la présidence des Etats-Unis."
Les éditeurs ne font aucun mystère sur la raison de leur choix. La campagne de McCain leur a paru inepte. En particulier sur les questions budgétaires. Le journal relève qu'alors que McCain avait jugé irresponsables les réductions fiscales de George Bush, il a tourné sa veste et veut désormais les rendre permanentes. Un décision irresponsable selon le Chicago Tribune qui ferait exploser la dette du pays, déjà abyssale.
Mais surtout, la Tribune étrille McCain pour le choix de Sarah Palin comme colistière.
"McCain a failli en prenant sa plus importante décision. Félicitons-t-on le d'avoir choisi une femme pour colistière, mais il a écarté des femmes suprêmement qualifiées qui auraient pu être à même de servir. (...). Il est clair qu'elle (Sarah Palin) n'est pas préparée pour le remplacer (...). McCain a placé sa campagne avant son pays."
Ps. à ceux qui se poseraient la question, non le Chicago Tribune n'a pas toujours systématiquement soutenu les candidats de Chicago. Il n'avait ainsi pas soutenu Adlai Stevenson, ancien gouverneur de l'Illinois lors de ses deux tentatives, en 1952 et 1956, de décrocher la Maison Blanche contre Dwight Eisenhower.
ps2: pour une liste régulièrement mise à jour des "endorsements" c'est ici:
A chaque fois que je regarde John McCain s'acharner à se réinventer, je ne peux m'empêcher de penser au John McCain de l'an dernier dans les primaires, qui arpentait inlassablement le New Hampshire, convaincu, avec raison, quand tout le monde le donnait pour mort, qu'une victoire dans cet état proche du Canada pourrait lui apporter la nomination républicaine. Il avait déjà fait son revirement sur les réductions d'impôts de George Bush (les approuvant alors qu'il s'y était opposé deux fois au Sénat au grand dam de son parti), mais il m'avait frappée par son intégrité sur des questions qui me sont particulièrement chères.
A des électeurs franchememment excédés par l'immigration illégale, dont certains réclamaient que la frontière avec le Canada soit mieux contrôlée, McCain répondait imperturbable que l'immigration n'était pas qu'une question économique, qu'elle devait être traitée d'un point de vue moral et humanitaire. Chapeau bas, au moment où les leaders de son parti s'époumonnaient pour savoir qui allait renvoyer chez eux le plus prestement ces "aliens", forcément arrivés en "hordes".
Je n'ai personnement jamais adhéré à l'image de "maverick" (franc-tireur) dont s'est autoaffublé John McCain. ll m'est toujours apparu comme un opportuniste qui a su tirer son épingle du jeu dans les moments difficiles. Après s'être fait piéger dans l'affaire Keating, où il a tenté de favoriser le directeur d'une banque de dépôts qui avait faillite au début des années 90, il se devait de passer pour un modèle de rectitude morale. De la même manière, je pense que ses premières escarmouches contre Bush (les impôts notamment) étaient avant tout motivées par un désir de revanche contre un rival qui l'avait honteusement traîné dans la boue lors des primaires républicaines du printemps 2000.
Cela dit, je lui reconnais d'avoir su parfois tenir tête à son parti sur l'immigration, la réforme du financement des campagnes qui limite le pouvoir financier des groupes indépendants (une des principales raisons pour lesquelles la droite religieuse lui en veut encore). C'est ce McCain là qui attirait les indépendants. Lors de sa nomination, j'avais écrit une chronique sur le parallèlisme des messages de Barack Obama et de John McCain qui ratissaient déjà, en pleines primaires, du côté des indépendants, plutôt qu'aux extrêmes de leur parti. Un signe précoce à mon sens du profond désir de changement de l'électorat.
(Contrairement à certains commentateurs, je n'ai jamais pensé qu'Obama se vendait exclusivement à la gauche du parti démocrate. A l'exception de son opposition à la guerre en Irak, ses positions sont souvent plus centristes que celles d'Hillary Clinton par exemple, en particulier sur l'assurance santé). Un stratège républicain me disait en janvier que McCain était le seul républicain à même de pouvoir gagner contre Obama car il était le seul candidat du Grand Vieux Parti à cultiver des liens sincères avec les indépendants.
Mais ce McCain a disparu. En laissant peu à peu les hommes de Karl Rove (celui qui a fait George Bush) prendre les rênes de sa campagne, McCain n'existe plus. Il s'est fait imposer Sarah Palin comme colistière, un choix désastreux. Si elle a un instant fait illusion par sa "fraîcheur", elle n'a finalement galvanisé que la droite chrétienne qui même si tiède à l'égard de McCain n'aurait pas migré en masse vers Barack Obama. McCain aurait dû suivre son instinct, choisir le sénateur Joe Lieberman, un ami à qui il fait confiance, ou même Tom Ridge, le premier directeur du Homeland Security, le méga-département de la sécurité nationale, créé après le 11 septembre. Oui, ils sont tout deux pro-avortement, mais McCain pouvait rapidement rétorquer que la tête du ticket c'était lui, le choix des juges de la Cour suprême lui aussi.
Hier soir encore, lors du dernier débat contre Barack Obama, John McCain m'a une nouvelle fois donné l'impression de radoter, répétant plusieurs fois les mêmes phrases, apprises par coeur pour ses discours. Non que cela n'arrive pas à d'autres candidats, Obama l'a fait pour son plan économique hier. Mais il y a de l'incohérence dans les propos de McCain. Et j'ai compris pourquoi hier, je crois. Rien à voir avec son âge comme ses détracteurs voudraient le faire croire (et c'est une attaque facile). Non, McCain est incohérent car il est devenu une hydre, composé de toutes pièces par ses nouveaux stratèges. Il récite des slogans qui ne sont pas forcément le reflet de ses convictions.
Malgré cela, je me retiendrai de toutes conclusions hâtives sur le résultat de l'élection. Vingt jours sont une éternité dans une campagne présidentielle. Mais s'il continue à radoter de la sorte, je ne vois pas comment McCain pourra convaincre les indépendants et partant, gagner cette présidentielle.
La barre était placée si bas pour Sarah Palin ce soir dans son débat contre Joe Biden, qu'il n'est pas difficile d'admettre qu'elle a non seulement limité les dégats, mais qu'elle a sans doute mis un terme aux propos dévasteurs après ses interviews calamiteuses des derniers jours. De là à dire que la colistière de John McCain a excellé, il y a un pas que je ne franchirai pas. Sarah Palin a esquivé toutes les questions difficiles, en particulier celles ayant trait à l'économie, qui est le sujet sur lequel le ticket républicain a de sérieuses difficultés à convaincre alors qu'il sagit de la préoccupation majeure Américains.
En répétant à plusieurs reprises les mêmes phrases, souvent hors propos, notamment sur la politique énergétique et l'imposition fiscale, Sarah Palin a montré qu'elle avait bien appris les leçons serinées par ses coaches. Mais elle semble incapable de présenter une position personnelle sur les dossiers les plus importants, à l'exception des forages pétroliers (drill, baby drill). Comme le dit Bill Schneider de CNN, "elle ne manque certainement pas de confiance en elle, elle manque de cohérence".
Sa performance aura certainement rassuré ses supporters de la base conservatrice, un bon point pour McCain qui n'a jamais été en odeur de sainteté auprès des électeurs de la droite religieuse. Je doute cependant qu'elle aura apporté des voix nouvelles au ticket républicain, en particulier auprès des indépendants. Ce sera donc bien à John McCain lui-même de récupérer les voix de cette tranche de l'électorat qui semble filer vers Barack Obama depuis leur premier débat, vendredi dernier, et surtout depuis la crise financière qui secoue le pays.
Joe Biden, pour sa part, a réussi une bonne performance. Comme Sarah Palin, il a été meilleur que prévu. Pour un homme de sa trempe, cela veut dire qu'il a été très bon. Clair, précis, répondant aux questions effectivement posées. Il a évité les gaffes. Il est surtout parvenu à ne pas paraître condescendant ou méprisant face à une rivale clairement moins compétente que lui sur à peu près tous les dossiers.
Il n'a jamais remis en cause les positions de la gouverneure de l'Alaska mais a dirigé toutes ses attaques contre John McCain. Sarah Palin a du reste fait de même, vantant les mérites du sénateur de l'Arizona et dénonçant les positions de Barack Obama. Sur ce point, les deux ont fait le travail qui était attendu d'eux, défendre leur candidat et tenter de démolir leur adversaire. C'est leur rôle, ils l'ont tenu.
Un sondage CNN montrait que 51% des Américains pensent que Joe Biden a gagné ce débat contre 36% pensant la même chose de Sarah Palin. Plus important, un sondage CBS auprès d'électeurs indécis - au risque de me répéter mais ce sont eux qui comptent à ce stade de la cmapagne - montrait que 46% d'entre eux pensent que Biden a gagné contre seulement 21% pensant la même chose de Palin. En conclusion, Sarah Palin n'a pas cassé les derniers céramiques sur l'étagère, évitant ainsi d'abreuver les chaînes d'infos en continu de nouvelles images désastreuses. McCain peut respirer et espérer recentrer sa campagne qui a cruellement manqué de discipline ces derniers jours.
(Ma déception ce soir aura été pour l'animatrice du débat, Gwen Ifill de PBS, dont je respecte par ailleurs le travail. Elle aurait à mon sens dû intervenir pour forcer Sarah Palin à répondre aux questions posées. Mais
sans doute a-t-elle fait preuve de retenue pour ne pas paraître
biaisée, alors que les conservateurs avaient lancé depuis deux jours
une fronde contre elle. Ils affirmaient qu'elle ne serait pas à même de faire
preuve d'équité car auteure d'un livre à paraître sur la polique et les questions
raciales à l'époque d'Obama. Curieusement, leurs attaques sont intervenues au moment où la crédibilité de Sarah Palin sombrait, alors que l'annonce de la publication du livre de Gwen Ifill est connue depuis le mois de juillet déjà. Dommage).
L'effet Palin aurait-il vécu? On se gardera dans une campagne qui nous a réservé son lot de surprises de conclusions trop hâtives. Mais les réponsesinconsistantes données par Sarah Palin, la colistière de John McCain, au cours de trois interviews récentes, prouvant une profonde méconnaissance des principaux dossiers sur les questions nationales et internationales, semblent avoir sérieusement érodé la popularité qui était la sienne depuis son discours à la convention républicaine de Minneapolis/St Paul. 51% des électeurs estiment désormais qu'elle n'est pas qualifiée pour être vice-présidente.
Plus parlant est ce nouveau sondage de Time Magazine, qui montre que les femmes, aux votes tant convoités, se rangent à nouveau majoritairement dans le camp Obama/Biden. Elles sont désormais 55% à préférer le ticket démocrate contre 38% le ticket républicain. Avant la convention de Denver, le résultat était de
49%-39% en faveur d'Obama. Après le choix de Sarah Palin comme colistière, McCain était parvenu à réduire cet écart à un point, à 48%-47%. Il enregistrait surtout une avance considérable auprès des femmes blanches avec un score de 51% contre 40% pour Obama. Dans cette même tranche de l'électorat, Obama mène désormais de 3 points à 48 % contre 45%.
C'est finalement Barack Obama qui a tiré son épingle du jeu de ce premier débat télévisé vendredi soir. On l'attendait sur l'économie, c'est finalement sur les questions internationales qu'il a marqué des points contre John McCain, simplement en prouvant qu'il maîtrise les dossiers. Il a été à la hauteur du test que représentait pour lui ce premier débat. John McCain a tablé toute sa candidature sur les questions internationales et militaires. Or Barack Obama a montré une connaissance approfondie des dossiers. Sur le fonds, il n'y a pas eu de réelles surprises. Les deux candidats ont répété des positions connues.
John McCain n'est ainsi pas parvenu à désarçonner Barack Obama sur l'Irak notamment. Si le républicain a répété à l'envi que son rival ne "comprenait pas" la situation", ou même la différence "entre tactique et stratégie", Barack Obama l'a constamment renvoyé à ses erreurs de jugement, notamment sur la justification de la guerre, sur le fait qu'elle a créé des foyers de terrorisme, qu'elle a renforcé la position de l'Iran dans la région. Barack n'a surtout cessé de lier les positions de John McCain à celles de l'administration Bush. Facile, mais percutant, quand les 2/3 du pays se disent aujourd'hui opposés à la guerre en Irak et que la cote de popularité du président est au plus bas.
Ces passes d'armes n'auront pas fait sourciller ceux qui ont déjà un avis tranché sur ces questions de politique étrangère. Ce n'était pas le but du jeu. Ce débat s'adressait avant tout aux indécis. Et dans cette joute, c'est Obama qui a davantage convaincu. Selon un sondage CBS News auprès d'électeurs indécis, 40% d'entre eux pensent que Barack Obama a gagné le débat, alors que seuls 22% pensent que cette victoire est allée à John McCain.
Les deux hommes ont en revanche sincèrement déçu sur l'économie et le marasme financier. Par tactique politique, aucun des deux ne s'est prononcé sur le plan de sauvetage de Wall Street, âprement négocié ce week-end encore à Washington. Ils préfèrent ne pas toucher à la "patate chaude" alors qu'une majorité grandissante de l'opinion publique voit d'un mauvais oeil cette main tendue à Wall Street sur le dos du contribuable. Barack Obama a lâché un laconique "nous n'avons pas tous les détails", à la question de savoir s'il soutenait le plan. McCain a été encore plus sobre, se contentant d'un "j'espère" quand il lui a été demandé s'il voterait en faveur du plan.
D'une manière générale cependant, les 40 premières minutes du débat, centrées sur les questions économiques, auront également été favorables à Barack Obama. Ne serait-ce que parce qu'il a montré de l'empathie sur les difficultés rencontrées par la classe moyenne et les travailleurs dans cette période de grande incertitude. A trop insister sur la nécessité de couper les "earmarks", ces dépenses discrétionnaires que s'autorise le Congrès, McCain a donné l'impression de ne pas être capable de s'élever au-dessus de son rôle de sénateur. Barack Obama a justement fait remarquer que ces dépenses, même si certaines sont indésirables, ne représentent que 18 milliards de dollars, une peccadille face aux 300 milliards de réductions fiscales que McCain compte octroyer aux ménages les plus riches et aux entreprises.
Enfin, de nombreux observateurs ont remarqué la différence de gestuelle entre les deux candidats. Pas une seule fois, John McCain n' a regardé Barack Obama dans les yeux, dans un format qui voulait pourtant favoriser le dialogue entre les deux hommes. Une attitude perçue comme une forme de mépris pour son son rival, qui pourrait ne pas forcément bien passé auprès de l'électorat. De son côté, Barack Obama a semblé parfois un peu raide. En revanche, il s'est enfin départi du ton professoral qui a souvent caractérisé ses performances pendant les débats des primaires.
Prochain rendez-vous, le 2 octobre, entre les deux colistiers, soit Sarah Palin et Joe Biden. Vu les (rares) interviews pathétiques qu'a données Sarah Palin jusqu'ici (elle connaît bien la Russie car on voit ses côtes depuis celles de l'Alaska...), on s'attend à ce qu'elle soit ridiculisée par Joe Biden. Et c'est bien là tout le défi qui se pose au colistier d'Obama. Ne pas paraître condescendant ou arrogant (il serait immédiatement accusé de sexisme), face à une candidate qui très visiblement n'est pas à la hauteur. Et c'est là qu'elle pourrait suprendre. On se souvient des performances de George Bush en 2000 contre Al Gore. A force de se donner des airs de supérioité face à un candidat très clairement moins brillant que lui, Gore était passé pour pédant et donneur de leçons.
Il aura donc fallu un tremblement à Wall Street pour que l'on cesse enfin de parler caribous désossés et rouge à lèvres sur des cochons dans cette campagne. Alors que le Congrès semble peu enclin à donner au président de la Fed, Ben Bernanke et au Secrétaire au Trésor, Hank Paulson, le chèque de 700 milliards de dollars qu'ils réclament pour racheter les avoirs toxiques des banques et instituts financiers qui se sont embourbés dans les crédits à risques sans un minimum de supervision et de conditions, les deux candidats à la Maison-Blanche essaient de tirer la couverture à eux avec un bonheur relatif.
Après avoir attendu plusieurs jours pour prendre position, Barack Obama s'est rangé aujourd'hui derrière les positions démocrates. Il est favorable au plan de sauvetage pour autant qu'un certain nombre de conditions soient remplies. 1. le fonds doit être supervisé par une autorité composée de membres des deux partis. 2. Il est hors de question de garantir aux directeurs des firmes sauvées les bonus attendus avant la crise (c'est un comble que cela soit même en discussions!). 3. Le plan doit comprendre un pendant pour les propriétaires solvables qui souhaiteraient garder leur maison (l'idée qui circule parmi les démocrates est de renégocier les termes des hypothèques avec les propriétaires concernés). 4. Si le plan s'avère moins onéreux que prévu (le gouvernement compte revendre un certain nombre de ces avoirs lorsque le marché immobilier se redressera enfin), une partie des fonds récupérés devrait être retournée aux contribuables.
Durant la même semaine, McCain a d'abord joué les girouettes paraissant dépassé par les événements, avant d'adopter un ton franchement populiste. Il a commencé par affirmer que les fondamentaux de l'économie étaient solides le jour où Lehman Brothers se mettait en faillite et où Merrill Lynch se faisait racheter à prix bradé par Bank of America. Il a tenté de rectifier le tir le jour suivant en précisant qu'en fait, en parlant de fondamentaux, il pensait aux travailleurs américains et à leur productivité. Il s'est ensuite opposé au rachat du géant mondial des assurances d'AIG par le gouvernement avant d'y être favorable.
Le jour suivant, il déclare que s'il était président, il demanderait la tête de Christopher Cox, le patron du SEC, le Securities and Exchanges Commssion sans réaliser que cette prérogative n'appartient pas au locataire de la Maison Blanche. On précisera au passage qu'il fait de Cox le président de la FEC, soit la Federal Election Commission... Reprenant finalement ses esprits, il se penche sur le plan de sauvetage de la FED. Il veut lui aussi une supervision du fonds, continue à affirmer que son plan de réduction de l'impôt relancera l'économie, réclame de nouvelles régulations à tout va, alors qu'il a toujours siégé du coté des dérégulateurs au Congrès. Le revirement est spectaculaire.
A première vue, cette crise semble profiter à Obama qu remonte dans les sondages, même si l'écart entre les deux hommes reste serré. Le plan de sauvetage suscite de nombreuses inquiétudes aussi bien au Congrès qu'auprès de la population. Rien n'indique qu'il fonctionnera. Certains s'opposent au fait que le gouvernement vole au secours de Wall Street sans rien faire pour Main Street. (autrement dit l'Américain moyen).
John McCain pourrait par ailleurs sérieusement pâtir des allégations sorties cette semaine d'abord dans le New York Times , puis tout à l'heure dans Newsweek, selon lesquelles son directeur de campagne, Rick Davis, a été payé jusqu'au mois dernier par Freddie Mac, le géant du marché hypothècaire, au bord de la faillite, racheté lui aussi in extremis par le gouvernement il y a trois semaines. (le FBI vient d'ouvrir une enquête contre Freddie Mac et 25 autres firmes pour soupçon de fraude). Plus le pays s'enfonce dans la crise, plus il deviendra difficile pour McCain de justifier la kyrielle de lobbyistes travaillant pour sa campagne, alors qu'il n'a cessé de dénoncer les "special interests" qui pourrissent le climat à Washington.
Ces questions auraient pu être au centre du premier débat entre les deux candidats qui va se tenir vendredi soir au Mississippi. Malheureusement ce sont les questions internationales qui seront abordées (non qu'elles aient moins d'importance). Il n'est pas exclu cela dit que vu l'urgence du moment, le modérateur du débat ne s'autorise quelques entorses au règlement.
Depuis l’ère
de la télévision reine, les conventions politiques américaines sont formatées
dans les moindres détails pour le petit écran : l’heure des discours, les
interludes musicaux, les vidéos biographiques des candidats et bien sûr le
final sous les ballons et les confettis (même si Barack Obamaa fait sans les ballons pour avoir choisi un
stade à ciel ouvert pour sa dernière soirée). Rien n’est laissé auhasard. Mais pour les 4200 délégués, les 15 000
journalistes et les 50 000 manifestants, supporters et bénévoles en tous
genres, les conventions ressemblent souvent à des marathons.
Erin Marie
Glynn, 25 ans, déléguée d’Atlanta à la convention démocrate de Denver, a eu le
tournis en découvrant la liste des événements :3000 par jour ! «Je me limite à ceux près de mon hôtel, pas
question de perdre mon temps en trajet », me raconte-elle, alors qu’elle
participe à une journée de bénévolat avec un groupe de démocrates de Denver. On la comprend, comme les délégués de nombreux
états « rouges », soit républicains, son hôtel est à 20km du centre
ville. Les New Yorkais et les Californiens eux, ont eu droit au Sheraton, à 20
minutes à pied du Centre de la Convention.
Le traitement de faveur est cependant
allé à la délégation de l’Illinois, fief d’Obama, logée au Marriott avec ses
chambres à la vue spectaculaire sur la ville et les Rocheuses. Erin me dit se
ficher des privilèges. Elle est devenue déléguée de sa banlieue d’Atlanta pour
s’impliquer davantage dans sa communauté : « Je veux tisser des liens
avec les délégués géorgiens, pour être plus efficace à mon retour à
Atlanta ».
Pour le
délégué moyen, les journées commencent dès 7heures avec un invité au petit déjeuner. Mercredi
matin, les délégués de l’Alabama recevaientt l’ex-président Jimmy Carter qui a retrouvé ses lettres de noblesse dans le parti depuis
la guerre en Irak contre laquelle il s’est opposé. Il ne mâche pas ses mots non
plus contre les Clinton : « L’équipe d’Obama a essayé d’accommoder
les Clinton qui ont voulu deux soirées à la convention !».Comme d’autres dans le parti, il aurait
souhaité que les Clinton cèdent plus gracieusement la place au nouveau leader
des démocrates.
Cathy
Robinson, employée d’un cabinet d’avocats à Philadelphie, a fait elle le déplacement de Denverpour « être utile ». Elle a suivi
une brève séance de formation organisée par le parti en avril. Je la rencontre au restaurant de mon motel en bordure d’autoroute (oui moi aussi j’étais à 20km
du centre, n’est pas membre de la délégation de l’Illinois qui veut). « Soyez
aimable, donnez des informations aux gens», lance-t-elle à la petite équipe de bénévoles
qui ont fait connaissance la veille du premier jour de la convention. « Je ne suis même pas
sûre d’avoir un billet pour le dernier soir», me dit-elle encore alors qu'elle a payé les
900 dollars du séjour de sa poche.
Rebecca
Emory, 56 ans, elle, a eu plus de chance. Elle m’explique avoir eu droit à un « preferred
seat », en raison du nombre d’heures de bénévolat données pour le parti. Elle
n’est pourtant entrée au parti il n’y a qu’un an. « J’ai été républicaine toute
ma vie, mais Bush m’a fait changer, j’ai pris la peine de connaître Barack
Obama et j’ai été impressionnée », dit-elle en recouvrant des graffitis
sur les bennes de la ville de Denver. En
un an, elle a accumulé les heures de bénévolat pour le parti, grimpant les
échelons du parti jusqu’à devenir une déléguée du Colorado.
Pour le
journaliste, les conventions sont rarement des sinécures. Les événements les
plus selects ne sont accessibles que sur invitation. Inutile de rêver quand on
ne vient pas d’un état dit clef ou d’un état avec statut (voir plus haut). Mais,
quand j’ai vu un journaliste du Wall Street Journal se faire refuser
l’entrée du premier événement réunissant Michelle Obama et Hillary Clinton, mes
complexes ont disparu. Nous nous sommes tous deux contentés de l’overflow room,
en gros le hall où l’on retransmettait l’événement en circuit fermé. Remarquez,
les petits desserts étaient délicieux et le café offert.
Et puis, il
y a les fameuses parties, que l’on dit plus courues les unes que les autres.
Celle du magazine Vanity Fair s’annonçait comme la plus glamour et la plus
fermée de toutes. Un journaliste américain était prêt à troquer son passe pour
la soirée Obama contre une entrée chez Vanity. Là aussi, j’ai fait chou blanc. Curieusement
pourtant, la promesse de tomber sur Susan Sarandon, Ben Affleck ou Sean Penn
n’a pas attiré les foules. Le bruit a couru dans Denver que les parties des «
people » étaient d’un mortel ennui. Susan Sarandon était plus visible dans
la salle de la convention, que dans les clubs branchés de la ville. De bon
augure pour le parti si le spectacle est là où se sont les politiciens.
Du grand Bill Clinton ce soir, que l'on retrouvait enfin après des mois d'errements, pour lancer sur orbite la nomination et la dernière ligne droite de la campagne de Barack Obama. A se demander si Hillary Clinton n'aurait pas finalement gagné la nomination démocrate, si son mari avait montré cette facette de lui dans la campagne, et non celle de chien d'attaque dont il s'était affublé et qui a fini par lui nuire autant qu'à son épouse. S'il a fait ce que le parti attendait de lui ce soir (soit le minimum pour un ancien président en faveur du nouveau nominé du parti), la base du parti lui a aussi rendu un bel hommage.
Lorsqu'il est apparu sur scène tout à l'heure au Pepsi Center de Denver, Bill Clinton a eu droit à la plus belle et plus longue ovation de cette convention jusqu'ici. Même Hillary n'a pas fait aussi bien la veille. Du beaume pour ce politicien à l'ego sensible et soucieux de laisser une image autre que celle du mauvais perdant qu'il a été pendant et après la campagne de son épouse. Bill Clinton reste l'enfant chéri des démocrates. Reste à savoir s'il saura défendre le nouveau leader du parti avec la même vigueur que ce soir jusqu'au 4 novembre.
Dans la journée, les délégués ont procédé au "roll call" (le vote) savamment orchestré entre l'équipe d'Hillary Clinton et celle de Barack Obama pour pousser au maximum la carte de l'unité du parti. Plusieurs états ont donné le résultat de leur vote, et les premiers chiffres montraient qu'une majorité de délégués d'Hillary s'étaient ralliés à Obama. La Californie a laissé passer son tour, tout comme le Nouveau Mexique qui s'est désisté en faveur de l'Illinois, l'état de Barack Obama. Les délégués de l'Illinois laissent la politesse à l'Etat de New York, celui de la sénatrice Hillary Clinton.
C'est alors qu'Hillary Clinton est arrivée près de sa délégation pour proposer de suspendre le vote et de procéder à la nominaton de Barack Obama par acclamation. Ce dont acte. La foule est en délire. Et la face sauvée. Si les tensions restent sans doute vives entres les deux camps, les militants eux pensent surtout à l'avenir (voir ma note d'hier). Et l'enthousiasme pour Barack Obama est réel. Il suffisait pour s'en convaindre de voir l'accueil qui lui a été réservé lors de sa deuxième "apparition" surprise de cette convention. Cette fois-ci sur scène à la fin du discours de son colistier Joe Biden.
Bref, tout est prêt pour le grand raout de ce soir dans le stade Invesco qui peut accueillir 76000 personnes. Aux évangéliques qui prient pour la pluie, les cieux ne les ont pas écoutés. Ils seront clairs demain soir, annonçait la radio publique de Denver. Enfin, signe qu'Obama sent que les grands rassemblements de type rock stars pourraient jouer contre lui, il a pris la peine d'expliquer pourquoi la Convention déménage demain. Parce que cette campagne depuis le début est un effort de la base. Il tient donc à inviter autant de bénévoles que possible à se joindre aux délégués. Pas sûr que cet élément d'explication n'arrête les publicités de John McCain contre cette "célébrité".
On ne parle que d'elles dans les médias, les irréductibles fans d'Hillary dont certaines croient encore qu'elle sera nominée demain soir après le vote. Je vous rassure, les fanatiques de ce genre sont rares, mais leur importance me paraît largement exagérée par les médias, chaînes d'infos en continu en particulier, qui ont besoin de mini-drames pour maintenir leur audience captive.
Or donc, première réunion des Hill Rise dimanche, je retrouve vingt personnes exactement, dont trois hommes. Les journalistes sont presque aussi nombreux. Il y a des irréductibles prêtes à voter John McCain en novembre (elles se déclarent pourtant démocrates), certaines qui ne voteront pas et d'autres, déçues de la défaite d'Hillary mais qui se disent démocrates avant tout et qui non seulement iront voter pour Obama mais feront campagne pour lui. Le lendemain, lundi, une manif est annoncée devant le Convention Center. Elles sont une dizaine. On a vu des manifs plus cossues.
Mardi après-midi, un événement d'Emily's List, une association féminine promouvant l'ascension des femmes en politique et qui a été farouchement pro-Hillary durant les primaires, réunissait Hillary Clinton, Michelle Obama et plusieurs politiciennes dont la gouverneure de l'Arizona, Janet Napolitano. Michelle Obama a été reçue chaleureusement. Lorsqu'elle a dit aux femmes de l'audience qu'elle "avait besoin d'elles" pour avancer leur cause si son mari est élu, elle a été ovationnée. La paix serait-elle faite?
A prendre le pouls à Denver, il semblerait qu'une grande majorité de fans d'Hillary soient prêtes à passer à l'étape suivante, soit la campagne d'Obama. Le discours qu'a donné hier soir Hillary, passionné, engagé en faveur d'Obama, était une invitation claire dans ce sens. Reste encore l'inconnue du fameux "Roll call", ce vote qui doit définitivement permettre à Obama de devenir le candidat démocrate et lui permettre d'accepter officiellement l'investiture du parti pour la course à la Maison Blanche.
Barack Obama gagnera ce vote, mais son déroulement n'est toujours pas clair. Il est question de faire voter dans l'ordre l'Illinois et New York, après quoi Hillary demanderait à ses délégués de se prononcer en faveur d'Obama. Mais certains de ceux-ci souhaitent aller jusqu'au bout, état par état. Un tel spectable ne serait pas souhaitable en particulier après le très beau discours d'appel à l'unité donné par Hillary Clinton hier soir.
Premier jour, premier sans faute pour la Convention démocrate dont cette première soirée était placée sour le thème ONE Nation (Une nation). Le discours attendu était celui de Michelle Obama. Et c'était à elle ce soir de ne pas tout "fiche en l'air", c'était l'avertissement qu'elle avait elle-même donné à Barack le soir de son fameux discours à la Convention de Boston, en 2004.
Somptueuse dans son élégante robe fourreau verte, Michelle n'a rien fiché en l'air. Au contraire, elle a rempli sa mission. Celle qu'on avait parfois décrite comme une "angry black woman", une femme noire en colère, a parlé amour, pour son père, ses enfants, son futur président de mari, du moins l'espère-t-elle. Elle s'est présentée en mère de famille, en femme active mais pas carriériste. N'a-t-elle pas quitté un prestigieux cabinet d'avocats pour travailler dans la fonction publique? Même si elle n'a certes pas dit qu'elle y a gravi les échelons pour gagner près de 240 000 dollars par an avant de prendre un congé pour la campagne de son mari.
Peu importe les détails. Cette soirée avait pour but de rendre la famille Obama "normale", simple, américaine en un mot. L'arrivée des deux petites filles Sasha et Malia en fin de soirée et le bonjour lancé à papa, relié brièvement par satellite du Missouri où il a passé la soirée dans une famille d'électeurs moyens, a fini de ravir les délégués. Difficile de pas voir un peu de John-John (Kennedy) dans l'espiègle petite Sasha.
Les Kennedy justement ont eu leur moment un peu plus tôt dans la soirée, quand Caroline Kennedy, la fille du président, a honoré les deux hommes qui ont changé sa vie, Obama et Ted, le vieil oncle, qui malgré un cancer au cerveau a tenu à faire le voyage de Denver pour réaffirmer son soutien à Obama. Les retrouvailles d'une partie du clan ont eu l'effet attendu. Les Kennedy ont toujours eu une relation particulière avec la grande famille démocrate et le reste de l'Amérique avec elle.
Curieusement, certains commentateurs ont paru surpris que la soirée ne soit pas davantage inscrite dans l'attaque contre John McCain. Trop tôt et déplacé à mon avis. Obama se doit de rassurer (à tort ou à raison) car trop d'Américains ont encore une image confuse ou fausse de qui il est. Il l'a fait en se présentant comme une American story - c'était le leitmotiv du discours de Michelle et avant de celui de la sénatrice du Missouri et farouche supporter d'Obama, Claire McCaskill
Elle est précisément là cette ONE Nation, faite d'autant d'American stories, parce que c'est le principe même du rêve américain, celui de permettre à une jeune fille d'une famille modeste de South Side Chicago d'entrer à Princetown, puis Harvard, celui d'autoriser un fils d'une mère célibataire, élevé par des grands-parents blancs à Hawaï, d'aspirer à devenir le prochain président des Etats-Unis.
Image un peu mièvre, mais tellement américaine. C'était un passage obligé et les Obama jusqu'ici ont réussi le test. Je n'ai pas vu une seule pancarte Hillary de la soirée.
Hillary justement qui parlera demain soir. Un discours attendu tant la confusion règne sur le déroulement du roll call (vote) de mercredi soir et la décision que prendont ses supporters, bien que beaucoup moins nombreux que ne pourrait le laisser supposer tout le discours sur la division du parti. Mais je reviendrai sur cet aspect demain, il est tard sur Denver.
Et si c'était finalement Scranton, Pennsylvania qui déterminera le résultat de cette élection présidentielle? Vous vous souvenez ? Hillary Clinton, dont le père et le grand-père étaient nés dans cette petite ville de Pennsylvanie aux pieds des monts Poconos, s'était drapée dans le manteau de la fille de Scranton, se transformant en championne des cols bleus de ces anciennes villes minières des Appalaches. Je ne peux m'empêcher d'y voir un parallèle dans le choix de Joseph Biden comme colistier de Barack Obama sur le ticket démocrate.
Joe Biden, un catholique d'ascendance irlandaise, est né à Scranton, fut le premier de sa famille à aller à faire des études universitaires. Si on a beaucoup insisté sur la formidable expérience qu'il apporte à Barack Obama sur les questions internationales - et c'est un fait inconstestable -je ne peux m'empêcher de penser que ses origines modestes, son train de vie d'Américain lambda (il rentre tous les soirs chez lui en train de Washington) ont également joué dans le fait qu'Obama l'ait choisi lui.
Lors de leur première apparition commune, tout à l'heure à Springfield, la capitale de l'Illinois, Joe Biden a insisté sur les disparités économiques du pays, la crise énergétique, ses origines à Scranton. Le choix de Biden permettra à Barack Obama de jouer sur plusieurs tableaux, les affaires étrangères, l'économie et même les affaires judiciaires (l'autre point fort de Biden).
Alors oui, ce sénateur à la langue un peu trop pendue, a tendance à faire des gaffes, il a voté pour la guerre en Irak (la grande majorité des sénateurs démocrates l'ont fait avec lui), mais en est devenu un de ses principaux critiques. Le choix d'Obama est donc un choix raisonnable, aussi bien pour la campagne (Biden est bon sur le terrain) et pour l'éventuel futur gouvernement Obama (Biden est loyal).
Sur une note plus personnelle, je me réjouis de vous retrouver sur West Wing 2008 après avoir passé l'été à silloner le pays pour rassembler quelques reportages à paraître cet automne. Je suis désormais à Denver d'où je suivrai la Convention démocrate, avant d'enchaîner la semaine prochaine à Minneapolis pour la Convention républicaine.
Barack Obama a annoncé aujourd'hui via Internet qu'il renonçait aux fonds publics fédéraux pour financer sa campagne générale comme le permet la Commission fédérale des Elections, préférant continuer à lever des fonds auprès de particuliers. Cette décision a immédiatement soulevé l'ire et les critiques de son rival républicain, John McCain, qui a accusé le sénateur de l'Illinois de ne pas tenir une promesse faite l'année dernière. John McCain a annoncé dans la foulée qu'il acceptait les fonds publics, soit une somme de 84,1 millions de dollars.
La décision de Barack Obama ne surprend guère. Sa campagne a prouvé être une redoutable machine à lever des fonds (+ de 250 millions à ce jour), qui plus est provenant essentiellement de petits donateurs contribuant en moyenne à hauteur de 100 dollars chacun. La preuve, selon Barack Obama, que sa campagne est réellement financée par le public. On ne s'étendra pas sur l'argument discutable, mais néamoins compréhensible.
Le financement public tel qu'il est prévu aujourd'hui est contesté. Lorqsu'un candidat accepte l'argent fédéral, il renonce du même coup à tout fond additionnel de particuliers, à l'exception de montants servant à couvrir des frais de comptabilité. En revanche, les partis eux, peuvent continuer à encaisser des chèques de privés, mais au maximum 28 500 dollars par personne. L'histoire récente a montré que le parti républicain levait des fonds substantiellement plus importants que le parti démocrate, et c'est le cas cette année encore. On apprenait récemment que le Comité de la convention de Denver ramait pour lever les fonds nécessaires à l'organisation du grand raoût démocrate du mois d'août.
Enfin, la commission fédérale des Elections impose aux candidats acceptant les fonds publics une limite de dépenses par état. Une restriction qui peut s'avérer problématique en termes de stratégie. Ainsi, par example, le plafond de dépenses pour l'état de New York est de 10 millions de dollars alors qu'il est fixé à 2,5 millions pour le Colorado, un état où les deux candidats voudraient certainement pouvoir dépenser plus sachant qu'il sera l'un des états clefs de cette élection.
Par ailleurs, les groupes dit 527 (des associations à but non lucratif représentants des groupes d'intérêt, des syndicats, des mouvements citoyens, etc) peuvent lever des fonds en faveur du candidat de leur choix. On se souvient de la redoutable campagne menée en 2004 contre John Kerry par les swiftboats Veterans Barack Obama a en partie justifié sa décision hier pour contrecarrer le pouvoir des 527 républicains. Même si pour l'heure, les groupes de gauche, dont MoveOn.org, semblent avoir une longueur d'avance. Mais il est vrai que l'on est encore au tout début de cette campagne.
Curieusement, les principales associations prônant un financement public et équitable n'ont pas crié au scandale. Regrettable, mais compréhensible, disent-elle en substance. Elles réclament toutes que le prochain président s'engage en revanche à réformer en profondeur le système de financement des campagnes. Ce qu'aussi bien Obama que McCain se sont engagés à faire.
Barack Obama a procédé hier à une série de nominations dans son équipe. Comme prévu, l'ancienne manager de la campagne d'Hillary Clinton, Patti Solis Doyle fait partie des nouveaux venus. Dès son licenciement de la campagne de la sénatrice de New York en février, les suppositions allaient bon train sur son arrivée certaine au sein de l'équipe d'Obama. Elle vient de Chicago, c'est une proche de David Axelrod, le stratège en chef d'Obama, et surtout Patti Solis Doyle a un Rolodex conséquent parmi la minorité hispanique.
Ce qui a davantage surpris, c'est le rôle qui lui est confié: cheffe de cabinet du futur/e colistier/ère d'Obama. Certains y voient une très inélégante façon de faire comprendre à Hillary Clinton que le poste de lui sera pas proposé. L'ancienne First Lady et son ancienne cheffe de cabinet ne se parleraient plus depuis le licenciement de la deuxième par la première. Le New York Times avance au contraire que c'est un signe qu'Obama serait peut-être disposé (ou pas) à choisir Hillary comme numéro deux.
Il reste toutefois curieux qu'un candidat décide du chef de cabinet de son futur colistier alors que ce dernier n'a pas encore été choisi. S'entendront-ils? Obama voudrait-il lancer un signal clair du genre quel que soit l'élu, il n'aura pas les rênes aussi lâches que Dick Cheney, co-président de facto? A moins que la force de Patti Solis Doyle - ses relations avec les Hispaniques - n'offre la réponse. Le vice-président courtisera cette même minorité. Bill Richardson peut-être, le gouverneur du Nouveau Mexique, ancien ambassadeur à l'ONU et secrétaire à l'énergie sous Bill Clinton?.
Hier toujours, Al Gore a - enfin - annoncé son soutien officiel à Barack Obama. Mieux vaut tard que jamais, ont pensé à haute voix les mauvaises langues. Les autres savent qu'Al Gore reste un atout important dans cette campagne. Avec un président dont la popularité est au ras des pâquerettes, la simple apparition d'Al Gore rappelera aux Américains qu'il aurait pu en être différent si seulement le pataquès de Floride n'avait pas eu lieu en 2000. La Floride, justement. Et si c'est là que l'équipe d'Obama décidait d'envoyer Al Gore en campagne? Quant à Al Gore, sa place dans une éventuelle administration Obama ne fait aucun doute. S'il le souhaite.
Ps: mes excuses à tous pour les difficultés techniques apparues sur ce site la semaine dernière. A en croire Six Apart, c'est la version Beta de Typepad qui a accusé des râtés, raison pour laquelle j'ai dû fermer les commentaires du dernier post. Tout devrait être rentré dans l'ordre.
Sous la pression de ses propres supporters, de plusieurs sénateurs et de représentants au Congrès pressés de panser les plaies du parti démocrate, Hillary Clinton a annoncé mercredi dans la journée qu'elle annoncerait la fin de sa campagne samedi, entourée de son staff, à Washington. Son retrait signale la fin d'une époque pour le parti démocrate celle de la dominance de Bill Clinton sur le parti et du clintonisme.
Ce qui m'avait frappé dès le début de cette primaire démocrate, cétait le nombre de jeunes élus démocrates ou membres nouvellement élus du parti qui avaient rejoint les rangs d'Obama très tôt dans la campagne déjà. Je pense à la gouverneure de l'Arizona par exemple, Janet Napolitano, ou plus encore à celle du Kansas, Kathleen Sebelius, ou à la sénatrice du Missouri Claire McCaskill, ou encore au sénateur de Virginie Jim Webb, ancien républicain qui a lâché son parti pour rejoindre les rangs démocrates en raison de son opposition à la guerre en Irak. Je pourrais en citer d'autres. Autant de démocrates dont la réputation est encore à faire sur la scène nationale, mais dont le poids dans leur état respectif est considérable.
Ces ralliements montrent que le désir profond de changement n'est pas que le souhait de jeunes électeurs désireux d'en finir avec les dynasties Bush et Clinton, mais que celui-ci émane de l'intérieur même d'un parti soucieux de tourner une page de son histoire et d'en écrire la suivante.Ces mêmes élus savaient aussi qu'une victoire d'Hillary Clinton signifierait une longue attente avant d'accéder enfin à des positions de poids dans le parti à l'échelle nationale.
On se souvient de l'image de Hillary Clinton le soir de sa défaite en Iowa entourée de Wesley Clark et Madeleine Albright. Le président de sa campagne n'est autre que Terry McAulliffe, ancien président du parti, nommé par Bill Clinton. Autant de caciques qui remettraient forcément d'une manière ou d'une autre la main sur le pouvoir.
Cette donne a sans doute été sous estimée par Hillary et Bill Clinton. Cette nouvelle génération de démocrates a souvent fait la différence en faveur de Barack Obama dans des états clefs ou des états républicains où les positions électives ont lentement mais sûrement été gagnées par des démocrates au cours des récentes années. Je pense au Kansas, au Montana, au Missouri, à la Virginie justement. Le soutien des élus de ces états à Obama n'est pas la seule raison de sa nomination, mais il y a certainement contribué.